La version Bute 2.0 est une réussite… malgré la défaite

Un texte de Michel La Rue

QUÉBEC – Le montréalais d’origine Roumaine, Lucien Bute,  s’est incliné hier soir par décision unanime des juges contre James DeGale. 117-111, 117-111 et 116-112. Toutefois, les cartes des juges ne reflètent pas nécessaire l’allure du combat, puisqu’une grande majorité des experts s’entendent pour dire que le duel fut beaucoup plus serré que ce que les cartes peuvent laisser croire.

Après un début fulgurant de DeGale lors des premières secondes du premier round, alors qu’il s’est jeté sur Bute tel un lion en cage, le combat a offert des échanges similaires pour chacun des pugilistes. En aucun cas, les pugilistes n’ont été dans le pétrin, mais la précision plus régulière des coups de DeGale lui auront permis de remporter ce duel, qui méritera un combat  revanche, s’il réussit à conserver sa ceinture assez longtemps pour permettre un rematch. Car avec ce qu’on a vu de DeGale, on ne peut pas garantir qu’il la protégera aussi souvent que Bute, lorsqu’il en était le détenteur.

Les spectateurs venus nombreux au Centre Vidéotron, on pu constater une mouture tout à fait différente de Lucian Bute, habituellement lent à démarrer ses combats et beaucoup plus sur ses gardes dans les derniers affrontements qu’il a disputés, particulièrement lors de sa confrontation avec Jean Pascal, c’est plutôt le Bute, ex-champion IBF qu’on a vu, mais dans une version améliorée. Beaucoup plus hargneux, et répliquant coup pour coup avec DeGale, qui ne se gênait pas pour jouer du coude, Bute a été plus souvent l’agresseur à partir du milieu du combat, et on a vite constaté qui a retrouvé sa rapidité, et un mouvement de tête continuel qui ne faisait pas de lui une cible fixe.

Le champion a gagné, oui car pour battre le champion, Bute avait l’obligation de surclasser son adversaire pour la majeure partie du combat, ce qui n’a pu faire contre un boxeur qui n’est pas un deux de pique, même si on s’attendait à plus du Britannique qui prédisait coucher Bute dans les premiers rounds.

Voué à la retraite par plusieurs commentateurs Québecois avant le combat, avenant une défaite, force est d’admettre que la version 2.0 de Bute, développé par les frères Grant, est vouée à quelques bons combats en devenir. Sera-t-il à nouveau champion du monde, possible après ce qu’on a vu hier soir.

 

Victoire peu convaincante pour Alvarez

Dans un duel des plus décevants, Eleider Alvarez a remporté son combat contre le Sud-Africain Isaac Chilemba par décision majoritaire  114-114, 118-110 et 115-113. Le résultat démontre bien ce que plusieurs se disaient sur le parquet, la décision même si elle a favorisé Alvarez aurait pu se retrouver du côté de Chilemba. D’ailleurs, interrogé sur Showtime après son combat, Alvarez a avoué que sa présence locale a pu influencer les juges et le résultats. En tout cas, nous étions plusieurs à mentionner que s’il offre le même niveau de compétitivité face à Stevenson, pas sûr qu’il va finir le combat sur ses deux jambes.

Un brin décevant comme performance malgré une 19e victoire consécutive chez les pros, mais le plus déçu fut sans aucun doute Chilemba qui se cachait le visage après l’annonce des résultats, n’en croyant pas ses yeux tout comme pour les spectateurs présents.

 

Le combat de la soirée

La palme du combat de la soirée fut décerné à l’excellent duel opposant le protégé de Don King Amir Imam (18-1-0, 15ko) a Adrian Granados 15-3-2, 10ko). Largement favorisé avant le combat Imam n’a pas déçu ses admirateurs dès le début de combat en expédiant son adversaire au sol de façon sans équivoque au premier round. Alors qu’on s’attendait tous à un duel expéditif avec ce premier round, nous avons assisté à un renversement complet. Avec tout le courage qu’on connaît des boxeurs d’origine Mexicaine, Granados n’a pas abandonné, au contraire, il fut continuellement dans la face de Imam pour prendre graduellement l’avantage dans le combat au fur à mesure que celui-ci progressait.

Prenant l’avantage dans le combat Granados a finalement triomphé à la surprise générale par TKO au 8e round. Une victoire spectaculaire qui a fait exploser de joie son coin dès la fin du combat.

 

Les autres combats

Soulignons la victoire expéditive de Sébastien Bouchard par KO dès le 2e round devant un adversaire qui n’annonçait rien de commode avec sa fiche de 55-17-0, 33Ko, avant le combat. Aussi Oscar Rivas a fait de même devant Joey Abell pour porter sa fiche a 18-0-0, 13KO, en l’emportant également par Ko au 2e round.

Notons aussi les victoires des Montréalais Custio Clayton, Bogdan Dinu, Yves Ulysse jr,  Vislan Dalkhaev et David Maltais. Pour ce dernier, en débutant son combat de 4 rounds à 18h30 devant des gradins pratiquement vides à cette heure hâtive, il n’a pu se battre devant sa famille qui était refoulée à l’entrée de Centre Vidéotron dû à certaines ratées logistiques. Ces derniers auront pu voir que le 4e et dernier round de cet affrontement, tout cela après avoir effectué le trajet et payé leur billet expressément pour ce combat.